jeudi 4 décembre 2014

[Lu dans Ouest-France]
A Saint-Paul, les jardins l'emportent sur le béton

Voilà un an, des riverains y créaient un jardin partagé pour y empêcher un projet immobilier. Le "Central Park" est en passe de revenir dans le giron de la Ville, et de ses habitants.

"On a une quarantaine de carrés potagers attribués aux membres de l'association. Là, on vient de planter des arbres". Dans les allées bien entretenues du jardin partagé des communaux de Saint-Paul, Raymond fait le tour du "propriétaire". Près de 700 m², découpés en petites parcelles, agrémentés d'un composteur, dans un coin du "Central Park".

25700 m², entre plateaux de sport et broussailles, situés à l'angle de la Rue de Secqueville et du Chemin Vert, au carrefour des quartiers St-Paul et Chemin-Vert. Un terrain depuis trois ans propriété de Caen Habitat, le premier bailleur de l'agglomération caennaise. "C'est rare d'avoir un tel espace aussi bien situé. Mais la Ville voulait y construire des logements sociaux."

Les riverains voient rouge

Lorsqu'ils apprennent en 2012 le cassement du terrain en zone constructible haute densité par l'ancienne municipalité, certains riverains voient rouge. Ou plutôt vert. L'association Caen-Ouest Saint-Paul environnement est créée pour protéger le site, alors surnommé "Central Park". "Nous ne sommes pas contre les HLM", souligne Raymond, mais nous pensons que, avant de construire, il faut déjà rénover les logements existants. Et, quitte à construire, autant que ce soit béton sur béton.

Fin 2012, une vingtaine de jardiniers plantent symboliquement des arbres sur le bord de la parcelle. Un an plus tard, ils cultivent les premiers carrés et se constituent en association, sous le nom de l'Amicale des jardiniers des communaux de Saint-Paul.

Une référence aux prés communaux, ces terrains exploités par l'ensemble des habitants d'un village au Moyen-Âge. "On a fait tout ça de manière illégale, mais nos idées d'aménagement ne devaient pas rester au stade des mots. Il fallait les concrétiser."

Terrain communal

Une mobilisation qui semble avoir porté ses fruits. Après l'enquête publique sur le Plan Local d'Urbanisme (PLU), la précédente municipalité avait déjà fait un premier pas en arrière, en abandonnant le projet. Aujourd'hui "des pourparlers sont en cours pour une rétrocession du terrain à la Ville", explique Caen Habitat.

"La Ville reprendra la charge de ce terrain, confirme Sonia de la Provôté, maire adjointe à l'urbanisme. Caen Habitat avait acheté sur demande de la Ville. Il est légitime de le dédommager, dans la mesure où le PLU ne permet plus de réaliser le projet d'origine." Un dédommagement qui pourrait se traduire par un échange de terrains.

Quant à la destination future de cet espace, aucune décision n'est encore arrêtée, assure l'élue. "Nous réfléchissons à son usage et au classement qui ira avec", en "concertation avec les habitants du quartier".

"Avec notre action, on a été étiquetés comme des opposants, poursuit Raymond, Mais nous sommes prêts à collaborer avec la Ville pour réfléchir à l'avenir."

Les jardiniers fourmillent d'idées pour développer "leur" terrain, avec, pourquoi pas, un petit abri et un point d'eau. Et des activités, en proposant, par exemple, un jardin éducatif à l'école Fernand-Léger. Histoire d'enraciner un peu plus les habitants dans leur terre.

Renaud Toussaint
publié dans Ouest-France le 4 Décembre 2014 (page10)

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